Chaque mois, Synergie Transition vous propose de découvrir l’un.e des pionnier.e.s des Low Tech, ces systèmes technologiques utiles, durables et accessibles à tous permettant d’aller collectivement vers la transition énergétique. 

Pour ce premier portrait, partons au Rajasthan sur les traces de Bunker Roy, disciple de Gandhi et l’une des 100 personnalités du Times de l’année 2010. 

Nous sommes en 1972 dans le village de Tilonia, au cœur de l’État indien du Rajasthan. C’est ici que Sanjit Bunker Roy pose la première pierre de son édifice le Barefoot College (en Français, nous pourrions le traduire par l’université des va-nu-pieds). Les locaux observent ça avec de grands yeux : une université chez nous, des paysans, analphabètes pour la plupart ? Mais c’est justement parce que ces populations sont rurales, isolées et analphabètes que Bunker Roy a décidé de leur dédier un lieu d’apprentissage pour leur faire faire leur propre transition énergétique.

C’est pendant la jeunesse de Roy que les pires fléaux se sont abattus sur sa région, jusqu’à causer une famine terrassante. Roy, lui, est parti faire des grandes études, mais n’a pas supporté de voir les siens démunis face à tout ce qui leur arrivait. Il revient donc avec son savoir et son savoir-faire. Il creuse des puits, mais se rend vite compte que ceux qu’ils aident ont des savoirs utiles et que cela peut se transformer en savoir-faire en ingénierie. Utilisant leur bon sens et ses propres outils, il dédie donc son Barefoot College à l’apprentissage de l’autonomie énergétique : ils forment les hommes et surtout les femmes à l’énergie solaire, l’eau, l’éducation, les soins de santé, l’artisanat rural, mais aussi à la communication, l’autonomisation et la réappropriation des friches. Tout cela en utilisant ce qu’ils ont à disposition.

puis plus de vingt-cinq ans, le Barefoot College est donc devenu « la seule université au monde à fonctionner exclusivement à l’énergie solaire » : cinq panneaux solaires suffisent à alimenter en électricité « 30 ordinateurs, 500 lampes, 100 ventilateurs, un réfrigérateur, un fax, des téléphones et deux routeurs », selon Wired. L’université est également équipée de citernes pour récolter les eaux de pluie, pour qu’en cas de sécheresse ou de coupe, l’huile de coude remplace les robinets et que l’autosuffisance du lieu soit garantie. Et bien sûr, ce qui est déployé sur le campus est applicable ailleurs, c’est pourquoi les étudiant.e.s sont ensuite aptes à développer ces systèmes chez eux, pour ramener à la maison leurs propres outils de transition énergétique. L’innovation “low-tech”, donc : simple, accessible, durable. 

Aujourd’hui présent à l’international, le Barefoot College opère dans plus de 2000 villages dans 93 pays du monde. 

Des grands-mères spécialistes de panneaux solaires

Au-delà de former les ingénieurs du village, Bunker Roy a aussi décidé de se concentrer sur les femmes pour créer des “solar mamas”. « Contre la pauvreté, il y a le soleil », affirme Bunker Roy. Par exemple, en ce moment même, 14 solar mamas sont en train d’être formées en Inde sur le campus d’Hamara. Cette formation leur permettra d’acquérir les compétences nécessaires pour construire, installer et entretenir des systèmes d’éclairage solaire dans les maisons rurales indiennes. Après la formation, les solar mamas retourneront chez elles et électrifieront 700 maisons dans leurs communautés. Cette électrification permettra d’offrir une énergie solaire propre et durable aux collectivités rurales indiennes qui n’ont pas accès à l’électricité, ce qui améliorera l’infrastructure et accroîtra l’autonomie. Actuellement, ces collectivités doivent compter sur des combustibles fossiles coûteux pour l’éclairage et la cuisson, ce qui a une incidence négative sur leur santé et sur l’environnement. Prenons par exemple les lampes à kérosène, les bougies et le charbon de bois, qui produisent de grandes quantités de fumée noire toxique et qui, allumée à l’intérieur, entraîne des problèmes de respiration et de santé, et les exposent aussi à des risques de cancer du poumon et d’incendie domestique. Ces carburants nécessitent également le transport vers les centres-villes pour acheter du carburant, ce qui coûte du temps et de l’argent.

Un pas en avant pour l’humain, la planète et pour la transition énergétique. Les solar mamas suivront également une formation dans le cadre des programmes ENRICHE et DIGITAL, leur fournissant des connaissances numériques et financières, une connaissance de leurs droits et des compétences essentielles pour gagner leur vie, ce qui leur permettra d’améliorer leur revenu à leur retour à la maison. Au-delà de l’autosuffisance énergétique, il s’agit donc également de démystifier et décentraliser la technologie et de mettre de nouveaux outils entre les mains des plus démunis. Altruisme, innovation et respect de l’environnement : les clés du succès de Bunker Roy, et sans doute les clés pour un avenir meilleur.

Un exemple pour tout un chacun

Nos enjeux ne sont pas les mêmes, nos problématiques quotidiennes non plus. Cependant, l’approche révolutionnaire que Bunker Roy a depuis les années 70 doit être une inspiration pour nous tous : nous tourner vers l’autosuffisance, l’énergie renouvelable, la transition écologique et durable. Notre objectif devrait être de tendre vers ces mêmes buts, avec les outils à notre disposition. Tout comme les élèves du Barefoot College, commençons par notre foyer, là où notre vie se concentre, en choisissant des énergies vertes, durables, et des outils à notre disposition et selon nos besoins. Chez Synergie Transition, nous proposons par exemple des aménagements pour appartements et maisons permettant de s’inscrire dans cette transition énergétique. Panneaux solaires, pompes à chaleur ou isolation ; il n’y a pas de petites démarches quand il s’agit de construire un avenir meilleur.